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Présentation générale du Luxembourg


1 - Introduction -  [Carte générale]  [Télécharger la carte ( format Illustrator 7.0 - 1112 ko)]

De la taille d'un département français avec une superficie de 2 586 km2, le Grand-Duché de Luxembourg est entouré de la Belgique au Nord et à l'Ouest, de la France au Sud et de l'Allemagne à l'Est.

Se développant à la bordure orientale du Bassin parisien dans le sillon mosellan, entre les massifs de l'Eifel et de l'Hunsrück, le territoire luxembourgeois se rattache aux reliefs semi-montagneux des Ardennes au Nord et aux paysages légèrement ondulés de la Lorraine au Sud.

2 - La géographie -  [Carte des reliefs]  [Télécharger la carte ( format Illustrator 7.0 - 702 ko)]

Le Luxembourg actuel est partagé en quatre grandes régions naturelles, l'Oesling (terre inculte) au Nord, le Gutland (bon pays) au centre, le Bassin minier au Sud et la vallée de la Moselle à l'Est. Hormis la vallée de la Chiers au Sud-Ouest, tributaire de la Meuse, l'ensemble du pays appartient au bassin versant situé en rive gauche du cours moyen de la Moselle.

3 - La géologie -  [Carte - Légende - Coupe]  [Télécharger la carte ( format Illustrator 7.0 - 585 ko)]

Les caractéristiques particulières du sous-sol du territoire luxembourgeois participent à la distinction de quatre biotopes particuliers, associés à un ensemble d'étages géologiques sédimentaires ordonnés allant de l'ère Primaire au Quaternaire : l'Oesling, le Gutland, le Bassin minier et la Vallée de la Moselle.
  Les différents paysages de ces régions aux ressources naturelles diversifiées et complémentaires ont offert au cours du temps aux groupes préhistoriques différents terroirs et écosystèmes propices à la chasse, à l'élevage et à l'agriculture.

4 - Le climat -  [Carte des températures - Carte des précipitations]  [Télécharger la carte des températures( format Illustrator 7.0 - 449 ko) - Télécharger la carte des précipitations( format Illustrator 7.0 - 468 ko) ]

Temperé et humide, le climat luxembourgeois oscille entre des influences océaniques, en raison des vents d'Ouest et Sud-Ouest qui apportent des précipitations toute l'année, et des influences continentales, surtout en hiver par l'intermédiaire des courants froids et des vents du Nord-Est. Les températures peuvent varier de 0°C en janvier à 17°C en juillet selon les régions, l'Oesling étant plus frais que la vallée de la Moselle où les températures peuvent atteindre plus de 18°C.

5 - Le Haut-Plateau ardennais de l'Oesling -  [ Vue du Château de Vianden]

Occupant le tiers septentrional du pays, la région appelée Oesling correspond aux Ardennes luxembourgeoises et au prolongement du massif de l'Eifel allemand. Constituée d'un haut plateau s'élevant entre 400 et 550 mètres couvert essentiellement de conifères, cette région se caractérise par un paysage semi-montagneux aux vallées étroites et fortement entaillés dans le socle schisteux d'âge primaire. Les roches, composées essentiellement de schistes recelant parfois des filons de quartz et de quartzite, affleurent en de nombreux endroits des versants sous forme d'éperons ou de falaises. La Sûre et l'Our sont les principales rivières qui traversent ce massif dévonien.

6 - Le Gutland -  [ Vue du Müllerthal]

La région du Gutland se développe sur près des deux tiers sud du pays à des altitudes comprises entre 250 et 400 mètres. Ce "Bon pays", constitué par un empilement de terrains secondaires plus ou moins résistants à l'érosion, se caractérise par un paysage de cuestas. Au centre de cette région traversée par l'Alzette, les vallées ont souvent entaillé les roches, dures ou tendres, dont le Grès de Luxembourg, qui peut atteindre une épaisseur de 100 mètres. Les versants sont alors formés par des falaises rocheuses pittoresques, à l'image de la région du Müllerthal (vallée des meuniers), traversée par l'Ernz noire et l'Ernz blanche. Au pied de ces plateaux gréseux se développent des collines à couverture limoneuse vallonnées et aux reliefs adoucis.

7 - Le Bassin minier -  [ Front d'exploitation minière à ciel ouvert]

Les dernières cuestas du Dogger qui se développent au Sud-Ouest du pays à près de 400 mètres d'altitude, sont recouvertes de dépôts d'âge tertiaire riches en minerai de fer. Du nom donnée à un de ces dépôts stratigraphiques à forte teneur en fer, cette région est appelée communément "La Minette" ou "Pays des Terres Rouges". Le bassin ferrifère luxembourgeois forme le prolongement des gisements lorrains. Cette ressource minière est à l'origine de l'essor industriel et économique du Luxembourg au 19e et 20e siècle. Le paysage de cette région a été en partie altéré par les exploitations sidérurgiques.

8 - La vallée de la Moselle -  [ Vue des vignobles mosellans]

Avant d'aller rejoindre le Rhin à près de 100 km en aval, la Moselle borde la partie orientale du Luxembourg à une altitude moyenne de 150 mètres. La vallée mosellane, souvent encaissée entre des falaises dolomitiques du Muschelkalk, s'élargit aussi par endroits en une large plaine alluviale comme aux environs de Schengen, Remerschen, Remich, Grevenmacher et Wasserbillig. Cette région se caractérise aujourd'hui par son importante couverture de vignobles introduits à l'époque romaine.

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La Préhistoire


Le Paléolithique


10 - Introduction -

500 000 BP------------

200 000 BP------------

40 000 BP------------

------------10 000 BP




Paléolithique ancien



Paléolithique supérieur



Epipaléolithique

Paléolithique inférieur

Paléolithique moyen

Le Paléolithique du territoire luxembourgeois demeure mal connu en l'absence de fouilles de gisements stratifiés. Cependant, les divers technocomplexes du Paléolithique inférieur, moyen et supérieur, sont représentés à travers de nombreuses séries essentiellement lithiques découvertes en surface. Les cultures représentées semblent avoir plus particulièrement fréquenté le Bassin mosellan, essentiellement lors des diverses phases climatiques plus tempérées du Pléistocène.

11 - Le Paléolithique ancien -

Années Av.- J.C. -----250.000 -----200.000 -----150.000 -----100.000 -----50.000-----
Stade isotopique 8 7 6 5 4 3
Chronologie Pleistocène moyen Pleistocène supérieur
Saalien Eemien Weichselien

Paléolithique inférieur

Paléolithique moyen

Technocomplexes

Industries acheuléennes

Industries moustériennes

Galets aménagés ?

Acheuléen final Moustérien de tradition acheuléenne

Micoquien

Moustérien type Quina Industries à pointes foliacées ?
 

DEBITAGES Levallois - Discoïde - Quina - Laminaires -

12 - Le Paléolithique Inférieur -  [Schéma des terrasses de la Moselle]  [Télécharger le schéma ( format Illustrator 7.0 - 176 ko)]

Les plus anciens témoignages des premiers hommes préhistoriques ayant fréquenté le territoire luxembourgeois appartiennent au Paléolithique inférieur. Quelques industries, parfois éolisées, constituées de galets aménagés comportant des choppers, des chopping-tools et de rares bifaces ont été découvertes en surface, essentiellement sur les premiers coteaux et les terrasses supérieures alluviales qui dominent les vallées de la Moselle et de la Sûre, en particulier entre Remich et Grevenmacher et aux environs de Diekirch. Au Grand-Duché, hormis les remplissages des terrasses alluviales, les dépôts pléistocènes en place sont rares (forte érosion des couvertures loessiques des plateaux) et difficilement observables (diaclases colmatées, dépôts de versant). Un suivi systématique des séquences fluviatiles est en cours afin de pouvoir affiner la chronologie des terrasses alluviales.

13 - Industries acheuléennes sur quartzite -  [Biface en quartzite]

Les plus anciennes industries actuellement trouvées dans le couloir de la moyenne Moselle semblent avoir plus de 250 000 ans, bien que la présence de quelques galets aménagés fortement patinés et éolisés sur des terrasses suggère la possibilité d'une fréquentation plus ancienne. Les ensembles lithiques recueillis essentiellement hors stratigraphie sont parfois difficiles à dissocier de certaines séries moustériennes, les outils de ces deux périodes étant fabriqués principalement sur des galets de quartz et de quartzite d'origine locale ou régionale, le silex n'étant encore que rarement employé. Typologiquement et d'après les quelques éléments stratigraphiques disponibles (corrélation avec les terrasses), ces premières industries peuvent être attribuées à l'avant dernière période glaciaire : le Saalien, vraisemblablement à une phase tardive de la culture acheuléenne. Hormis les découvertes de petits ensembles et de pièces isolées, la série relevée en surface sur une terrasse moyenne de la Moselle à Remich-"Buschland" est la plus représentative pour l'Acheuléen régional. Réalisées sur des plaquettes de quartzite dévonien violacé dit de "Taunus", roche siliceuse affleurant en position primaire au Sud-Est du Grand-Duché, elle comprend de rares bifaces et des outils sur éclat peu standardisés attestant cependant l'emploi de la méthode Levallois.

Aucun site stratifié n'a encore été découvert au Luxembourg, mais il apparaît d'ores et déjà que l'Homo erectus a préféré fréquenter les grands couloirs alluviaux, zones de contact au carrefour de différents milieux naturels aux ressources animales et végétales variées, riches en matériaux siliceux d'appoint plus ou moins aptes à la taille.

14 - Le Paléolithique Moyen -  [Homme de Néanderthal]

De nombreuses stations de plein air attestent le passage de l'homme de Neandertal au Luxembourg. A la différence des ensembles du Paléolithique inférieur, les industries du Paléolithique moyen se rencontrent en plus grand nombre sur les terrasses alluviales, sur les plateaux de l'ensemble du territoire du Gutland et sur les marches de l'Oesling, aux portes des Ardennes. Les séries lithiques récoltées, essentiellement en surface, se caractérisent par un important débitage d'éclats avec parfois l'emploi de méthodes Levallois et discoïdes. Comme à l'Acheuléen, les assemblages moustériens sont encore principalement réalisés à partir de galets de quartz et de quartzite d'origine locale et régionale.

Toutefois le silex est mieux représenté dans la composition de certains ensembles sous formes de supports portant un fort investissement technologique (éclat Levallois) et d'outils finis (bifaces, racloirs, pointes moustériennes). Par l'emploi du quartzite comme matière première dominante, les groupes luxembourgeois du Paléolithique moyen,  replacés dans le contexte de l'Europe moyenne, se rapprochent des groupes français lorrains et allemands du Palatinat, de Hesse et du cours moyen du Rhin. L'existence de ces industries suggère une fréquentation préférentielle de nos régions lors des différentes phases tempérées de l'interglaciaire Eemien, puis des divers stades du Weichselien.

Bien que certains artefacts moustériens aient été recueillis en stratigraphie, mais en position secondaire, dans des terrasses fluviatiles (Grevenmacher), dans des dolines colmatées ou dans des dépôts de pente (Altwies et Frisange), leur faible nombre et leur caractère isolé ne permettent pas d'apporter de précision chronologique.

15 - Industries moustériennes -  [Racloirs moustériens]

Sur le plan typologique, les faciès moustériens rencontrés dans le Bassin mosellan se rapportent à trois technocomplexes définis à l'étranger :
- au Micoquien, caractérisé par des petits bifaces lancéolés (Altwies, Bourglinster, Gonderange, Remich).
- au Moustérien de Tradition Acheuléenne, avec des bifaces cordiformes plats (Altwies, Bettendorf, Christnach, Echternach, Hesperange, Lellig).
- au Moustérien de type charentien, comportant de nombreux racloirs à retouches Quina et demi-Quina, des denticulés, des couteaux à dos naturels et des nucleus à débitage centripète récurrent et discoïde (Frisange, Hellange, Manternach). Ce dernier faciès moustérien, semble-t-il plus récent, est particulièrement représenté dans le Bassin mosellan lorrain et allemand.

16 - Industries pointes foliacées -  [Pointe foliacée en silex]

La période de transition entre le Paléolithique moyen et supérieur est très méconnue. Seule une pointe foliacée isolée en silex trouvée en surface à Hesperange, évoque un technocomplexe à pointes foliacées. Ce type de pointes est généralement daté entre 40 000-30 000 B.P., période correspondant aux interstades climatiques d'Hengelo et des Cottés. Cependant, leur faible quantité et la présence entre les massifs des Ardennes et de l'Hunsrück de quelques exemplaires de ces pointes, arrivées semble-t-il sous forme de produit fini, suggèrent soit une avancée, soit des contacts avec un groupe culturel porteur du technocomplexe à pointes foliacées.

17 - Le Paléolithique Supérieur -

Le Paléolithique supérieur marque la dernière période glaciaire et l'arrivée de l'Homme moderne. La découverte de nombreux ossements appartenant à une faune froide du Quaternaire dans les alluvions würmiennes (Weichselien) de la basse terrasse de la Moselle entre Mertert et Wasserbillig d'une part, et dans les diaclases colmatées des plateaux en grès d'Oetrange, d'autre part, témoigne de ces vigueurs climatiques où la végétation a évolué de la steppe herbacée aux forêts dominées par les conifères. A cette période, la structuration domestique des différents campements fouillés dans diverses régions d'Europe reflète une certaine organisation sociale des groupes de chasseurs-cueilleurs Homo sapiens sapiens.

Au Luxembourg, encore peu de documents archéologiques se rapportent au Paléolithique supérieur. A cette époque, l'emploi du quartz et du quartzite est plus rare, le silex importé et local est dorénavant essentiellement utilisé. Malgré l'absence de fouilles de sites stratifiés en position primaire, plusieurs outils en silex caractéristiques des diverses cultures du Paléolithique supérieur ont été relevés en surface, en particulier sur les sommets des plateaux en grès de Luxembourg. Ces promontoires naturels offrent d'excellentes conditions de guet pour surveiller le gibier dans les vallées encaissées.

La présence d'industries paléolithiques synchrones à des phases plus tempérées du Würm (conditions de froid moins rigoureuses) à l'interpléniglaciaire et lors du dernier glaciaire, suggère une fréquentation du Bassin mosellan particulièrement lors des réchauffements climatiques des interstades glaciaires. Cette hypothèse pourrait expliquer les nombreux hiatus d'occupation actuellement observés au cours du Paléolithique supérieur le long de la vallée de la Moselle, ainsi que dans les plaines nord-occidentales.

18 - L'Aurignacien -  [Grattoirs et burins aurignaciens]

Une importante occupation de plein air située au sommet d'un plateau de Grès de Luxembourg à Altwies a livré une abondante industrie aurignacienne réalisée essentiellement dans un silex local de mauvaise qualité (chaille bajocienne). Cette industrie relevée hors stratigraphie, composée de près de 3 000 pièces, semble cependant homogène. De nombreuses activités de taille ont été effectuées sur place. Réalisé en grande partie sur éclat, cet outillage se caractérise par l'abondance des burins qui l'emportent sur le groupe des grattoirs.

Les burins carénés et dièdres sont bien représentés, alors que les burins busqués sont rares. Les grattoirs à museaux dominent les grattoirs carénés et les outils sur lame sont peu fréquents. La composition typologique de cette industrie évoque un Aurignacien moyen avec quelques similitudes avec l'Aurignacien II du Sud-Ouest français. Cette occupation vient d'une part s'inscrire à l'échelle régionale au sein du sillon mosellan, entre les stations allemandes et françaises de Lorraine, et d'autre part, à l'échelle de l'Europe nord-occidentale, entre les sites mosans belges et rhénans germaniques.

19 - Le Périgordien supérieur -

Les données concernant le Périgordien demeurent fort disparates pour le Luxembourg, cependant, l'occupation du territoire semble plus dense au Gravettien par comparaison avec l'Aurignacien. La présence d'éléments attribuables au Périgordien supérieur concentrés à proximité de couvertures loessiques résiduelles occupant certaines parties médianes de plateaux gréseux d'altitude moyenne, évoque une fréquentation particulière de ces reliefs, peut-être des haltes de chasse. Les industries découvertes en surface sont exclusivement réalisées dans un silex allogène d'excellente qualité. Deux faciès semblent pouvoir être distingués dans ce groupe gravettien régional, l'un se caractérisant par des outils aménagés par des retouches plates et l'autre par des pointes pédonculées. L'attribution chronoculturelle basée sur la typologie, en général assurée pour les grands ensembles, reste cependant douteuse pour les séries trop faibles.

La plus représentative de ces industries périgordiennes a été recueillie sur le plateau gréseux de Bourglinster. Elle est composée d'une centaine d'outils comprenant de nombreux grattoirs et burins - surtout dièdres -, et des pièces esquillées. La modification secondaire voire tertiaire, des outils est fréquemment observée. Dans cet ensemble, on observe une pointe allongée à retouches plates de type Maisières et une pointe pédonculée épaisse à retouches envahissantes d'aspect archaïque rappelant la pointe de type Font-Robert. L'aménagement fréquent des supports par retouches plates et l'absence d'outillage à dos évoquent un stade ancien dans l'évolution du Gravettien, en particulier la phase située à l'oscillation de Kesselt représentée par divers sites belges dont le site de Maisières-Canal. Trois autres gisements de plein air ont livré divers artefacts d'allure périgordienne, en particulier des pointes pédonculées de la Font-Robert. Une pointe isolée a été recueillie à Keispelt, une autre pointe, divers éléments à dos, un grattoir et des éclats de débitage ont été relevés à Oetrange et une série d'une quarantaine d'artefacts a été trouvée à Kehlen. Cette dernière est composée aussi d'un fragment de pointe de la Font-Robert, de burins à modifications tertiaires et de troncatures du type de Kostienki. Ces différents éléments périgordiens caractérisent généralement le Gravettien récent, type Font-Robert, qui semble se développer à l'interstade de Tursac.

20 - Le Magdalénien -  [Outils en silex]

Le hiatus observé après le Périgordien, au début de la dernière période du Würm, est probablement dû aux conditions de froid intense enregistrées aux alentours de 20 000 ans. Dans le Bassin mosellan. Le repeuplement n'aurait repris qu'au Magdalénien. Seuls quelques rares outils ont été jusqu'à présent reconnus au sein des séries mal datées, car sans stratigraphie ou ensemble homogène. Les modestes industries découvertes en surface sur les plateaux gréseux à Beaufort, Medernach, Ermsdorf, Kehlen et Bourglinster, ainsi que celles provenant des anciennes fouilles réalisées sous abri à Beaufort, semblent attester le passage des derniers groupes de chasseurs magdaléniens à la fin du Würm et au début du Tardiglaciaire. Le gisement clos fouillé le plus proche se trouve en Lorraine, à St-Mihiel (Meuse) où un abri dont les dépôts attribués au Dryas I ont livré de nombreux bois de chute de rennes femelles comme dans la faille d'Oetrange.

21 - Premières manifestations artistiques -  [Os canon d'artyodactile - Croche de cerf et canine d'ours]

Au cours des années trente, les remplissages des failles de grès de Luxembourg situées à Oetrange ont livré en position secondaire de nombreux ossements d'animaux de faune froide. Une industrie en silex appartenant à la culture gravettienne, mais aussi au Néolithique, a été découverte associée à ces restes osseux. Parmi eux se trouvaient les plus anciennes manifestations artistiques paléolithiques connues à ce jour au Luxembourg : un fragments de diaphase polie et incisée (os canon d'un artiodactyle, renne ou chevreuil) et une croche de cerf perforée. Une canine d'ours présente un début de perforation. Cependant, cette dernière semble d'origine naturelle.

22 - L'Epipaléolithique -

L'Epipaléolithique qui succède au Magdalénien et au Paléolithique supérieur couvre approximativement les deux dernières phases climatiques du Tardiglaciaire, l'oscillation tempérée de l'Alleröd et celle du Dryas III marquées par un dernier retour offensif du froid avec réapparition du renne dans les Ardennes et dans l'Eifel. Les diagrammes polliniques réalisés dans le secteur d'Echternach ne font pas de distinction majeure entre le couvert végétal des deux phases, qui correspond à une steppe où le pin est plus abondant que le bouleau. La seconde moitié de l'Alleröd est marquée par l'éruption volcanique du Laacher-see dans l'Eifel allemand dont les traces des retombées sont attestées dans nos sols. Du point de vue culturel, l'Epipaléolithique régional à l'Est de l'Eifel est représenté par deux complexes culturels distincts ; les groupes à Federmesser et l'Ahrensbourgien.

23 - Le groupe à federmesser -  [Pointes à dos Federmesser]

L'occupation Federmesser se manifeste surtout par des trouvailles isolées en surface de pointes à dos en silex, plus rarement comme à Hesperange par des petites séries associées à des burins sur troncature et des grattoirs courts. La présence de la pointe à troncature convexe (pointe federmesser, proche des pointes aziliennes) dans ce premier site permet un rapprochement avec le groupe du Rhin moyen où ce type d'armature est très commun. Le polymorphisme des pointes à dos, majoritairement courbes, laisse entrevoir à la fois des datations ante- et post-Alleröd.

24 - L'Ahrensbourgien -

Lors de la péjoration climatique du Dryas III, apparaît au Nord, l'Ahrensbourgien aux armatures de flèches tronquées et pédonculées très caractéristiques. Avec la découverte de pointes isolées de type ahrensbourgien sur des stations de surface, en dehors du territoire ahrensbourgien strict, à Hobscheid et à Sandweiler pour le Luxembourg, dans le Sud-Ouest de l'Eifel, en Lorraine, en Meuse, dans les Vosges, sur le cours moyen du Rhin, mais aussi dans l'Oise et dans l'Yonne, est relancé le problème de l'extension méridionale de l'Ahrensbourgien. Pour l'instant, les deux entités culturelles, le groupe de Federmesser et l'Ahrensbourgien paraissent cohabiter et évoluer plus ou moins indépendamment.

25 - Le climat -  [Carte]  [Télécharger la carte ( format Illustrator 7.0 - 350 ko)]

Le Paléolithique a connu une alternance de phases climatiques chaudes (interglaciaires) et froides (glaciations). Le Luxembourg était à cette époque compris entre deux grandes plaines septentrionales dans le couloir qui s'étendait d'Est en Ouest entre la zone glaciaire du Nord qui comprenait divers pays actuels dont une grande partie de l'Allemagne, les Pays-Bas et l'Angleterre, et le glacier alpin. Ces phases climatiques conditionnèrent l'environnement de façon plus ou moins marquée selon les régions (changement, évolution, disparition d'espèces). Avec la fin de la glaciation du Würm aux alentours de - 10 000 BP et le début du réchauffement progressif de la terre (période postglaciaire) commence une nouvelle phase climatique tempérée, correspondant à la période Mésolithique.

26 - La faune würmienne -  [Mammouth - Boeuf musqué - Rhinocéros laineux]

Différents fossiles illustrent la faune glaciaire qui vivait au Paléolithique sur le territoire luxembourgeois, particulièrement ceux trouvés dans les diaclases colmatées d'Oetrange et dans les gisements des terrasses de la Moselle. Dans les premières, plus de 20 000 restes de faune furent mis au jour lors des fouilles effectuées par N. Thill (1932-1939), correspondant à de nombreuses espèces disparues aujourd'hui comme le lion des cavernes (Felis spelea), le bison (Bison priscus), l'aurochs (Bos primigenius), le renne (Rangifer tarandus) ou encore le cheval sauvage (Equus caballus). Les nombreux restes osseux découverts dans les alluvions quaternaires des terrasses de la Moselle (entre Mertert et Wasserbillig) comprennent notamment du mammouth, du rhinocéros laineux et du renne. Nombre de ces espèces furent chassées par les hommes du Paléolithique et ont ainsi en partie contribué à leur alimentation carnée.

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Le Mésolithique


27 - Introduction -  [Tableau chronologique]  [Télécharger le tableau ( format Illustrator 7.0 - 168 ko)]

Faisant suite à l'Epipaléolithique, le Mésolithique se caractérise par le développement et la prolifération des armatures microlithiques en silex. Celles-ci sont entre autre fixées à des armes de jet. L'emploi de l'arc et de la flèche se généralise sur l'ensemble du continent européen. Chronologiquement, cette période s'inscrit au début du postglaciaire, durant les phases climatiques du Préboréal, du Boréal et du début de l'Atlantique. Pour le Mésolithique luxembourgeois, il existe une disparité évidente entre la documentation issue des fouilles et celle émanant des ramassages de surface, ces derniers étant majoritaires.

Les fouilles anciennes effectuées dans les années trente, concernent uniquement des abris-sous-roche situés dans le Grès de Luxembourg aux abords immédiats de l'Ernz noire dans le Gutland. Les informations obtenues sont limitées en raison de la déficience des données matérielles et stratigraphiques, à l'exception du site de Reuland "Loschbour" sur la commune de Heffingen, remarquable par sa sépulture humaine, la plus ancienne trouvée à ce jour au Grand-Duché, associée à une industrie lithique et faunique datée d'une phase récente du Mésolithique.

Dans les années '80, trois sites ont été fouillés : Berdorf, formé par deux abris contigus comprenant trois niveaux mésolithiques distincts, dont deux attribuables au stade ancien et un à un stade moyen ; Altwies, occupation de plein air à niveau unique appartenant à une phase ancienne, située en retrait du bord d'un plateau ; Hesperange-"Im Grundchen", également un site en plein air implanté au bord d'un plateau.

28 - La faune et le climat au Mésolithique -  [Chasseur]

A la fin de la période tardiglaciaire et des phases climatiques connues sous le nom d'Alleröd et Dryas III, qui voient un retour du froid et d'espèces comme le renne, ou le cheval dans les Ardennes et l'Eifel, commence une nouvelle période appelée postglaciaire. Durant cette période de péjoration climatique, on note un accroissement progressif de la forêt ainsi que le développement de nouvelles espèces animales dont certaines connues encore aujourd'hui, comme le cerf, le chevreuil, le sanglier ou d'autres disparues comme l'aurochs. Avec le réchauffement, on observe une utilisation généralisée sur tout le continent de l'arc et de la flèche et une adaptation des techniques de chasse à la faune tempérée. Les indications relatives à la faune sont essentiellement fournies par le site de Loschbour, faute d'autres sites offrant de bonnes conditions de conservation. La faune chassée se compose de sangliers, également attestés à Altwies, de cerfs élaphes, de chevreuils et d'aurochs. La présence de la martre, du putois et du castor suggère l'idée de l'emploi de fourrures.

29 - La végétation mésolithique -  [Pollen de Tilleul]

Les données sur la flore temperée de cette période ne sont que fragmentaires. A Berdorf, d'après l'analyse anthracologique, le niveau inférieur se caractérise par la domination absolue du pin sylvestre.Celui-ci est du reste dominant dans le niveau moyen, mais il est en nette régression pour faire place à d'autres essences. Le niveau supérieur est dominé par le chêne, le pin ne représente plus que 30% et le noisetier est attesté par les coquilles de noisettes brûlées recueillies à Berdorf et Altwies.

30 - Le Mésolithique ancien -

Au Préboréal, le couvert forestier s'intensifie, le pin est pratiquement omniprésent, accompagné de rares bouleaux et noisetiers. C'est sur le substrat du Paléolithique final que se développent les deux faciès constituant le Mésolithique ancien régional.

Le premier développement, bien mis en évidence à Altwies et à Berdorf (niveaux inférieur et moyen), se traduit par la dominance des pointes à base non retouchée, Zonhoven ou formes apparentées, dérivant du complexe ahrensbourgien et, c'est le cas pour Altwies, par la perduration des pointes à dos sous forme microlithique. La présence des microlithes géométriques et de la pointe à base retouchée annonceraient le contact avec le domaine Beuronien. Les divergences s'accentuent au niveau des outils primaires et des outils dits à "usage domestique" (plaquettes lissées, retouchoirs, etc.) ; ces variations paraissent significatives de la fonction du site.

Sur le plan chronologique, les deux sites de Altwies et de Berdorf, se placent dans la même lignée culturelle avec le site voisin de Montenach en Lorraine, bien que sur ce dernier gisement le segment y soit mieux représenté.

Le second développement se manifeste dans l'industrie du site de surface de Diekirch-"Galgebierg" avec quelques pointes à base retouchée et une prédominance de plus de 60 % des segments et des pointes à troncature oblique sur le reste de l'éventail microlithique. Cette industrie, chronologiquement postérieure au premier groupe, est rapportée au Beuronien A, faciès nordique, tel qu'il apparaît en Belgique et en Rhénanie.

31 - Altwies -" Haed " : Une station de plein air du Mésolithique ancien -  [Foyer]

Le site de plein-air d'Altwies fut découvert et fouillé en 1983 par Pierre Ziesaire avec la Société Préhistorique Luxembourgeoise, sur une surface de 33,5 m2. Il se trouve sur une carrière exploitant le Grès de Luxembourg, dans le remplissage d'une petite dolline située sur le promontoire d'un vaste plateau. Plus de dix mille artefacts lithiques furent mis au jour, ainsi que quelques rares vestiges organiques et un foyer aménagé avec des blocs de grès local. Dans la couche principale, attribuée au Mésolithique ancien (date calibrée entre 8080-7700 B.C.) la présence de nombreux fragments de charbons de bois, d'os brûlés, de nombreuses noisettes brûlées et de morceaux de grès rougis et altérés, fut interprété comme les restes de vidanges de foyers.

On trouva aussi dans cette même couche des restes de suidé (Sus scrofa L.) associés à du matériel lithique. Celui-ci était  réalisé principalement sur de la matière première locale (chailles du Muschelkalk), avec semble-t-il un pré-traitement par le feu en vue d'améliorer le débitage. Le silex tertiaire et le cristal de roche sont également présents, ainsi que des roches dures telles que du grès quartzitique, du quartzite dévonien et du schiste qui ont pu servir de percuteurs ou de retouchoirs. En ce qui concerne les outils, on note la prédominance des armatures de flèche (pointe à dos, pointes à base non retouchée, à troncature oblique ou convexe) par rapport aux grattoirs. Cette supériorité des armatures notamment des pointes à dos semble suggérer la permanence de traditions de groupes à Federmesser.

32 - Le Mésolithique moyen -

Au Boréal, la forêt de pins est progressivement envahie par les noisetiers qui deviennent les arbres dominants. L'attribution des industries des abris-sous-roche de Reuland et de Berdorf (niveau supérieur), au stade moyen repose sur une faible argumentation quantitative des armatures. En revanche on dispose d'une documentation bien représentative issue des stations de surface. Dans un premier groupe bien individualisé, la pointe à base retouchée et le triangle scalène constituent plus des deux tiers des armatures. C'est le cas pour les sites de Flaxweiler 1 et 2, de Diekirch, d'Ettelbruck et d'Oberfeulen. Les similitudes avec l'Ardennien sont remarquables, tant du point de vue des outils que du style des techniques de débitage employées. Dans la proche région, ce faciès est particulièrement bien documenté en Allemagne par le site d'Oberkail dans le Sud-Ouest de l'Eifel, mais aussi pour la Sarre et le Palatinat.

Illustrant le second groupe, l'industrie du site partiellement fouillé de Hesperange se distingue des premiers par la prééminence du triangle et de pointes à retouche uni- ou bilatérale. Ces variations correspondent bien aux distinctions faites pour le Beuronien moyen de la Belgique. Le premier groupe à rattacher au Beuronien B, se situerait dans la première moitié du Boréal et le second, à rapprocher du Beuronien C, se rangerait dans la seconde moitié du Boréal. La feuille de gui (pointe à retouche couvrante) observée à Derenbach 1, à Feulen, à Gonderange, à Ermsdorf et au poteau de Kayl, dont la diffusion se fait à travers une dizaine de cultures, dénote une influence issue de la culture "Rhin-Meuse-Schelde" de la Campine belgo-néerlandaise.

33 - Berdorf-" Kalekapp 2 " : une occupation mésolithique -  [ Abri n° II]

Cet abri sous roche fut découvert en 1979 par Jeannot Kartheiser et Jean-Luc Schwenninger, dans un petit vallon en bordure du plateau gréseux dominant la vallée de la Sûre. Quatre campagnes de fouilles y furent menées de 1981 à 1984, sous la direction de Denise Leesch. Le site archéologique regroupe deux abris contigus : I et II. Dans ce dernier, en dehors d'un silo et de deux fosses de l'Age du bronze, trois niveaux mésolithiques (deux du stade ancien et un du stade moyen) furent identifiés.

Dans les deux niveaux inférieurs une forte présence de matériel lithique a été remarquée, notamment de nombreuses armatures, ainsi qu'un outillage sur galets (retouchoirs, enclumes, choppers) provenant de la rivière toute proche, à 150 m en contrebas. On trouve dans ce même horizon du site, un grand foyer limité par de gros blocs rocheux. Dans le niveau supérieur daté du Mésolithique moyen, l'industrie lithique était pauvre. Cependant, diverses structures aménagées furent observées, notamment de nombreux blocs de grés disposés en arc de cercle qui auraient pû former l'assise d'une tente circulaire, à moins qu'il ne s'agisse d'une structure de combustion particulière ("fumoir" à viande). Cette structure aurait eu, d'après les données de fouille une ouverture à l'Ouest et un diamètre d'environ trois mètres avec en son centre un foyer bordé de pierres. Sur le plan chronologique, les deux sites de Altwies et de Berdorf, semblent se placer dans la même lignée culturelle que celui de Montenach en Lorraine.

34 - Le Mésolithique récent et final -

A la fin du Boréal, les plantes herbacées disparaissent tandis que les premiers éléments de la forêt tempérée Atlantique se mettent en place. La phase récente du Mésolithique se caractérise par un développement des trapèzes typiques concomitant avec l'apparition d'un débitage plus régulier, dit du style de Montbani. Sur une base purement typologique, on distingue des ensembles à caractère beuronien et des séries à influence montbanienne plus accentuée. Cependant, la coupure n'est pas toujours aussi évidente. Dans les premiers ensembles, la persistance des éléments des stades antérieurs est prononcée. Le trapèze n'y est jamais plus abondant. La panoplie des armatures évoluées à retouches est souvent complétée par une grande variété d'autres armatures, pointes à retouches couvrantes, armatures évoluées à retouches inverses plates, en particulier l'armature de type danubien. Ces industries constituent un stade ultime du Beuronien ayant subi plusieurs influences culturelles.

Avec la pénétration du Montbanien et l'apparition de la retouche de Montbani, l'augmentation numérique des trapèzes, à Wincrange dans l'Oesling, à retouches inverses plates, mais à latéralisation dextre, va de pair avec une régression des armatures des stades antérieurs.

A Reuland-Loschbour, Kehlen, Diekirch, Keispelt et Lorentzweiler, le trapèze, dans certains cas à base décalée, est toujours associé à des formes évoluées. Cette association, trapèze à latéralisation dextre et armature évoluée surtout de type danubien à latéralisation senestre, est une caractéristique du stade récent/final qui s'observe couramment aux abords immédiats du cours moyen de la Moselle et de la moyenne et basse Sûre. A ce jour, le squelette humain le plus ancien trouvé en fouille au Luxembourg appartient à cette période.

Dans cette phase finale, en plein processus de néolithisation, se pose la question des contacts et de la coexistence entre deux populations socialement et économiquement distinctes, occupant des terrains différents, ceci d'autant plus par la présence d'éléments typiquement néolithiques anciens observés à proximité de sites du stade récent. Les relations entre l'armature asymétrique évoluée et le Néolithique rubané paraissent certaines. Cependant, aucune indication tangible sur un groupe mésolithique précocement néolithisé ou acculturé, n'a été fournie par les récentes fouilles de sites rubanés au Luxembourg.

35 - "Loschbour" : Le plus ancien "Luxembourgeois" -  [Crâne de Loschbour avant restauration - Crâne de Loschbour avec la nouvelle empreinte nasale - Crâne de Loschbour aujourd'hui]

Les premières recherches effectuées sous l'abri gréseux de "Loschbour" près de Reuland, situé dans la vallée pittoresque de l'Ernz Noire, datent d'octobre 1935. Suite à la découverte d'une sépulture humaine par N. Thill, le site fut fouillé avec l'assistance du Musée National d'Histoire Naturelle de Luxembourg. D'après de nouvelles recherches menées en 1981, l'homogénéité archéologique de la sépulture, des vestiges osseux et lithiques paraît assurée. Il s'agit à ce jour de la plus ancienne sépulture humaine découverte au Grand-Duché. Le caractère d'inhumation volontaire semble acquis d'une part par le bloc rougi en forme de dalle reposant sur le squelette et d'autre part par la présence de deux fragments de côte d'aurochs placés à côté du thorax et d'un petit silex rond à "l'intérieur du crâne".

Par ailleurs le squelette, un homme adulte, se trouvait en position étendue, couché sur le dos, les pieds orientés vers le creux du rocher. Les genoux en flexion moyenne, étaient pliés un peu remontés, les avant-bras repliés et croisés entre le thorax. La datation des côtes d'aurochs a donné 7 115 + 45 BP, soit 6 010-5 850 ans av. J.-C. en date calibrée et celle du squelette humain une date radiocarbone par accélérateur de 7205+ 50 BP, soit 6166-5954 ans av. J.-C.

L'étude palynologique indique la triade noisetier-bouleau-pin rencontrée au Boréal avec une brusque explosion des fougères de type Monolètes pour la transition Préboréal - Boréal. La faune est entièrement sauvage, composée de sanglier, cerf, chevreuil et aurochs. Ce site est également important par la présence d'un outillage osseux très abondant par rapport à l'industrie lithique. Le travail du bois de cervidé (nombreux andouillers àextrémité biseautée) domine celui de l'ivoire (canines de sanglier) et de l'os.

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Le Néolithique


36 - Introduction -  [Tableau chronologique]  [Télécharger le tableau ( format Illustrator 7.0 - 172 ko)]

En Europe nord-occidentale, les premières grandes cultures agricoles néolithiques commencent avec le courant danubien. Dans nos régions le peuplement du bassin de la moyenne Moselle par les premières communautés agro-pastorales néolithiques, semble s'être amorcé vers 5 200 ans pour s'achever vers 2 000 ans avant notre ère avec les utilisateurs des premiers outils et armes en métal. Pendant près de 3 000 ans, différentes cultures se sont succédées sur le sol du territoire grand-ducal. Le Néolithique luxembourgeois participe à l'ensemble des événements de l'Europe moyenne, partagé entre des apports des Bassins rhénan et parisien, tant sur le plan des influences des décors céramiques que sur celui des origines des roches employées. Les groupes et cultures définis se rattachent essentiellement à la chronologie rhénane dans laquelle quatre phases principales ont été individualisées : le Néolithique ancien, moyen, récent et final.

Grâce aux diverses fouilles effectuées ces dernières années, les phases initiales du Néolithique sont actuellement mieux appréhendées que les périodes récentes, reconnues essentiellement par des séries recueillies lors de fouilles anciennes et des prospections de surface.

Par ailleurs, la répartition géographique des divers éléments néolithiques reconnus (habitats, céramiques, industries lithiques) permet d'ores et déjà de proposer un modèle préliminaire de fréquentation et d'occupation du territoire luxembourgeois.Elle semble traduire une avancée progressive d'Est en Ouest du phénomène néolithique depuis les vallées alluviales de la Moselle et de la Sûre au Néolithique ancien (culture rubanée) vers l'intérieur des terres au Néolithique moyen (culture rössen) avec l'utilisation de grottes et d'abris. A partir de cette époque, les Ardennes luxembourgeoises (Oesling), au Nord, paraissent également avoir été fréquentées occasionnellement. Par après, les phases récentes et finales du néolithique luxembourgeois sont plus ou moins omniprésentes sur l'ensemble du territoire. Contrairement aux phases ancienne et moyenne, les cultures du néolithique récent et final sont peu connues en raison de l'absence de sites fouillés. Néanmoins à défaut de structures, grâce aux nombreuses prospections effectuées depuis plusieurs décennies, une importante documentation, essentiellement lithique, peut être attribuée à certaines cultures de cette période.

D'autres éléments découverts en surface sur les plateaux gréseux aux dépôts de couverture fortement érodés, appartiennent aussi au Néolithique final lato sensu. C'est le cas de nombreuses haches polies confectionnées en roches d'origine locale (schiste), régionale (diabase, quartzite et quartzite du Taunus) et en silex importé.

37 - Derniers chasseurs, premiers paysans -  [Poteries Limbourg et Hoguette]

Différents éléments archéologiques trouvés sur le territoire luxembourgeois semblent confirmer la cohabitation entre les derniers chasseurs et les premiers agriculteurs néolithiques. En effet, quelques poteries du Néolithique ancien n'appartenant pas à la tradition rubanée mais ayant été trouvées à proximité et dans des habitats attribués à cette même période, comme à Remerschen, Diekirch, Alzingen, Weiler-la-Tour ou encore isolées sur les plateaux de grès de Luxembourg à Medernach-Savelborn et Hesperange. Les décors de ces différentes poteries semblent traduire des influences méridionales (traditions impresso-cardial), différents chercheurs suggèrent d'y voir des poteries(type Limbourg et La Hoguette) fabriquées par des groupes mésolithiques acculturés ou "céramisés". Par ailleurs, la technique de fabrication des armatures asymétriques dites "danubiennes" présentes en contexte rubané semble, elle, héritée du substrat mésolithique. La céramisation éventuelle de groupes de (chasseurs-éleveurs?)-cueilleurs de tradition mésolithique constitue un phénomène difficile à appréhender en l'état actuel des recherches.

38 - Le début du Néolithique : la culture rubanée -  [Poteries rubanées]

Les premières communautés agro - pastorales danubiennes, qui viennent s'installer à la fin du VIe millénaire avant notre ère sur le territoire grand - ducal, appartiennent au courant culturel de la Céramique Linéaire occidentale ou rubané (nom donné d'après le décor en ruban qui orne la panse de certains récipients).

Dans l'état de nos connaissances, le Luxembourg pourrait avoir connu une première phase de peuplement limitée aux rives de la Moselle. Viendrait ensuite une deuxième phase de peuplement avec des installations situées plus à l'intérieur des terres dans les vallées secondaires (Diekirch) et sur les plateaux du Gutland (région de Weiler-la-Tour).

A l'échelle européenne, les Rubanés du Luxembourg occupent l'une des trois avancées occidentales de la Culture à Céramique Linéaire, reconnues dans la région Rhin-Meuse, le long de la Moselle et en Alsace.Les groupes rubanés luxembourgeois ont entretenu des relations au moins de nature économique (approvisionnement en silex) avec des régions comme la vallée de la Meuse ou le centre du Bassin parisien. Ces populations semblent aussi avoir été influencées par la région du Main et du Neckar peut-être parce qu'elles en sont originaires : les styles de décor des poteries en témoignent.

Au début des années '60, un amateur clairvoyant, Emile Marx, prospecte et fouille les premières fosses rubanées de plusieurs villages situés autour de Weiler-la-Tour sur le plateau du Gutland. Mis à part une petite collection de tessons provenant de Grevenmacher conservée au Musée National d'Histoire et d'Art de Luxembourg, ce furent longtemps les seules traces d'une occupation du territoire luxembourgeois au Néolithique ancien. Durant les décennies suivantes, les prospections se poursuivirent, essentiellement cantonnées à cette région de plateau à couverture limoneuse. Des fouilles extensives sont entreprises depuis 1990 dans le cadre d'un programme de recherche conduit par la société Préhistorique Luxembourgeoise, l'Institut royal des Sciences naturelles de Belgique et le Musée National d'Histoire et d'Art de Luxembourg. Deux sites de plateau ont été partiellement explorés, Weiler-la-Tour-"Holzdreisch" et Alzingen-"Grossfeld", et un site de fond de vallée a fait l'objet d'une fouille quasi intégrale en sauvetage à Remerschen -"Schengerwis".

39 - Remerschen-"Schengerwis" : un des plus anciens villages du Luxembourg -  [Plan partiel du village - Reconstitution d'une maison rubanée]

Ce site se trouve sur la rive gauche de la Moselle luxembourgeoise près du niveau actuel de la rivière. Il fit l'objet d'une fouille de sauvetage en 1993 et 1994 sous la direction scientifique de l'Institut Royal des Sciences Naturelles de Belgique, en collaboration avec le Musée National d'Histoire et d'Art de Luxembourg et la Société Préhistorique Luxembourgeoise. Bien que partiellement détruite au sud, par l'exploitation d'une sablière, une vingtaine d'habitations rubanées ont pu être mises au jour.

Le village fut disposé selon un axe Nord-Sud, parallèle au cours de la rivière. Les maisons, pour la plupart de plans rectangulaires, avec en moyenne une longueur de 17,60 m et une largeur de 6,20 m, sont orientées Nord-Ouest / Sud-Est. L'outillage en silex, plutôt rare dans cette région en raison de l'absence de gisements siliceux crétacés, devait parvenir au site sous forme de produits finis ou semi-finis, réalisés essentiellement sur des silex maestrichtiens de la région mosanne (Limbourg, Hesbaye). Cependant de l'outillage d'appoint était aussi réalisé sur des roches locales. Probablement en raison de la rareté de la matière première siliceuse, les rubanés ont réemployé de nombreux outils cassés sur lame, en pièces esquillées.

On trouve aussi dans ce site des outils à vocation agricole, notament des herminnettes en amphibolite, provenant de l'Est du Rhin moyen, ou en basalte de l'Eifel. Pour ce qui est de la céramique, entièrement montée au colombin, elle est caractérisée par des formes sphériques et un décor pour les pièces les plus fines. Il consiste en un ruban rectiligne, rempli de hachures ou d'impressions au poinçon, avec sur le bord du vase une ou deux lignes qui complètent l'ornementation du vase.  L'utilisation du "peigne" à dents multiples est un détail technique qui permet de penser que le village fut occupé jusqu'à la fin de la période rubanée.

40 - Le Néolithique moyen : la culture Rössen -  [Poterie de la culture Rössen]

Le Néolithique moyen luxembourgeois est caractérisé par la culture "Rössen", du nom du site éponyme allemand se trouvant près de Mersebourg. Comme la culture rössen semble s'être développée à partir de la culture rubanée, elle est rattaché aux cultures qualifiées de tradition danubienne lato sensu.

Fondée sur l'analyse typologique des formes et des décors céramiques, l'étude de la nécropole éponyme allemande a permis une division de cette culture en trois étapes : I, II et III. Ces divisions internes couvrent la période allant de 4 900 à 4 300 ans avant J.-C. A ce jour au Grand-Duché, hormis les trouvailles isolées, cinq sites ont été attribués au Rössen. Ces gisements ont été découverts principalement en plein air, mais aussi sous abri et en grotte. Les premiers ont été trouvés au fond des vallées de la Moselle (Remerschen-Wintrange) et de la Sûre (Diekirch), et un autre sur un plateau gréseux du Gutland (Bourglinster). Les autres occupations correspondent à une grotte-diaclase à Waldbillig et à un abri-sous-roche à Christnach. Alors que ce dernier site a livré un tesson appartenant à la phase finale du Rössen, appelée style de Bischheim, les quatre autres gisements appartiennent à la phase moyenne, au style Rhin-Main. Ils constituent à notre connaissance dans le couloir mosellan l'avancée la plus occidentale vers le Bassin parisien de cet cette phase classique attestée essentiellement à l'Est et le long du Rhin moyen. Les découvertes en surface de nombreux outils tels que des coins perforés asymétriques en roche dure importée (basalte et amphibolite) sur une grande partie du territoire témoignent de la fréquentation de différents biotopes à cette période. Ces données suggèrent une diversification des activités agro-pastorales accompagnant la colonisation par les groupes rössens de territoires extérieurs à l'ancien domaine du peuplement rubané.

41 - Waldbillig-"Karelslé": une occupation néolithique en milieu souterrain -  [Fragment de cordelette carbonisée - Eléments de parure]

Née de la fracture rectiligne d'un plateau gréseux situé sur la commune de Waldbillig, la grotte-diaclase de la Karelslé, déjà fouillée au début du siècle par N. Van Werveke, a fait l'objet de nouvelles investigations depuis 1991 à 1998 sous la conduite de Foni Le Brun-Ricalens du Musée National d'Histoire et d'Art de Luxembourg. Dans les 5 mètres de stratigraphie qui vont de la Préhistoire au Moyen-âge, les couches 18 et 19 ont livré des vestiges attribuables à la culture néolithique appellée Rössen, caractérisée par une céramique de formes très diversifiées, de bonne facture, où dominent les fonds arrondis et les décors de chevrons, de zig-zags, de rangées d'impressions de tiges végétales et de rares petites pastilles. Ces objets céramiques étaient suspendus ou accrochés à d'autres éléments comme l'indique une cordelette carbonisée trouvée dans une anse au cours des fouilles. On a trouvé dans ces mêmes couches une industrie lithique à vocation essentiellement agricole comme en témoignent de rares éléments de faucilles en silex, des broyons et des meules en grès bigarré, ainsi qu'une herminette "en forme de bottier". A cette époque se poursuivent les productions de l'engrain, de l'amidonnier, des pois, des lentilles, mais aussi de l'épautre et de l'orge nu. On a retrouvé dans ces mêmes couches une quinzaine de dentales (dentalium vulgare), coquillages originaires de la Méditerranée ou de l'Atlantique, à proximité d'une canine de cerf, d'un fragment nacré de coquillage et d'un tube naturel en calcite, qui sont probablement des éléments de parure. La cavité semble dans sa globalité avoir été aménagée à des fins de stockage pour ses propriétés particulières (basse température constante). Cependant, d'autres usages comme celui d'habitat-refuge ou de grotte-étable restent probables.

42 - Le Néolithique récent : la culture de Michelsberg -  [Outils en silex de la culture de Michelsberg]

Le Néolithique récent est attesté avec des gisements clos dans tous les pays frontaliers du Luxembourg, tant en contexte d'habitat qu'en contexte funéraire, par la culture de Michelsberg. Aucun site de ce type n'a cependant été découvert au Luxembourg. Il est par ailleurs difficile de se prononcer actuellement sur les fragments de céramiques découverts hors contexte tant que l'on n'est pas en présence d'un profil de poterie suffisamment caractéristique. Un seul fragment d'anse a été relevé à Mamer. Par ailleurs, quelques outils en silex paraissent également appartenir à cette phase, en particulier une série recueillie en surface près de Itzig.

Sur le plateau gréseux d'Itzig, un ensemble lithique a été individualisé par la typologie d'une part et par la matière siliceuse employée d'autre part, en l'occurrence du silex tertiaire zoné importé de la région champenoise, dit "type de Romigny-Lhéry". Typologiquement, les grattoirs sur bout de lame, les lames brutes régulières et les pointes de flèches allongées de forme triangulaire semblent typiques et représentatifs des industries lithiques rencontrées communément au Michelsberg.

43 - Les cultures du Néolithique final -

Différentes cultures du Néolithique final ont été reconnues grâce à la présence de quelques rares éléments céramiques et de nombreux éléments lithiques trouvés hors stratigraphie, en particulier des pointes de traits, des grandes lames retouchées, des tranchets et des outils du fond commun.

Diverses pointes de flèche, dont des exemplaires à tranchant transversal, présentent des affinités avec certaines industries qui caractérisent les cultures de Gord, Seine-Oise-Marne, ainsi que du groupe Mosellan. La présence d'une lame polie issue d'un poignard réutilisé, réalisée en silex du Grand-Pressigny, suggère des contacts avec la civilisation Saône-Rhône. La culture Cordée est attestée ponctuellement par quelques rares tessons de céramique aux décors caractéristiques (Bourglinster et Reuland) et plusieurs fragments de haches de combat à renflement médian (Bech, Blaschette, Dudelange et Echternach).

44 - Le Chalcolithique -

Les premiers outils et armes en cuivre importés, probablement originaires de l'Europe centrale, apparaissent au Luxembourg avec la période appelée Chalcolithique (2 200 à 1 800 ans avant J.-C.). Pendant plusieurs siècles, ces objets métalliques allaient toutefois continuer à demeurer rares, les haches en pierre polie continuant à rester en usage. Au début du siècle, lors des dragages de la Moselle, un poignard plat en cuivre a été découvert à Schwebsange et trois haches plates du même métal ont également été récupérés en milieu humide près de Bech et de Remerschen.

La période Chalcolithique voit l'essor de la culture des gobelets campaniformes. Cette dernière, bien qu'elle n'ait fait l'objet que de peu de fouilles sur de le territoire du Luxembourg, est avant tout représentée par de nombreuses trouvailles de surface. Seules les fouilles, limitées en superficie des abris-sous-roche de Berdorf, de Reuland et des prospections dans les coupes des sablières situées à Wintrange dans la vallée de la Moselle ont livré des vestiges campaniformes en place. Les diverses phases de cette culture sont représentées par les différents décors typiques de vases découverts à Berdorf, Kehlen, Medernach, Reuland et Wintrange. Ces témoins semblent provenir en majeure partie de tombes détruites, l'inhumation individuelle étant le rite funéraire dominant à cette époque. Par ailleurs, les nombreux brassards d'archer récoltés en surface, ainsi que les grandes lames en silex importées et les pointes de flèche pédonculée sont généralement attribués à cette période.

45 - Les haches en roches vertes -  [Grande hache en jade]

Plus de 130 lames de haches en "jade" ont été recensées sur le territoire du bassin occidental de la moyenne Moselle, dont plus de 66 pour le Luxembourg. Leur trouvaille est essentiellement due aux nombreuses prospections de surface menées par les amateurs locaux, spécialement dans les zones érodées des plateaux sablonneux du Grès de Luxembourg. Il s'agit principalement de petites lames de haches. Seuls quelques exemplaires sont à classer parmi les lames de haches de grandes dimensions. Ces rares grandes lames dont deux ont été découvertes sur la hauteur du Bélebierg, près de Junglinster, suggèrent, pour diverses raisons (faible épaisseur, lustrage des surfaces) un autre type d'utilisation que les "hachettes". Il s'agirait de haches "d'apparat", de "prestige" ou encore de haches "cérémonielles". Sur la base de données de fouilles et de comparaisons avec les représentations des mégalithes bretons, une chronologie courte a été proposée pour dater ce type d'objet aux alentours de la deuxième moitié du Ve millénaire. Les autres haches peuvent pour nos régions se rencontrer depuis le Néolithique moyen jusqu'à l'avènement de l'âge des métaux.

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