Waldbillig-"Karelslé":

une occupation néolithique en milieu souterrain

Fragment de cordelette carbonisée (photo -  R. Weiller)

Fragment de cordelette carbonisée

Née de la fracture rectiligne d’un plateau gréseux situé sur la commune de Waldbillig, la grotte-diaclase de la Karelslé, déjà fouillée au début du siècle par N. Van Werveke, a fait l’objet de nouvelles investigations depuis 1991 à 1998 sous la conduite de Foni Le Brun-Ricalens du Musée National d’Histoire et d’Art de Luxembourg. Dans les 5 mètres de stratigraphie qui vont de la Préhistoire au Moyen-âge, les couches 18 et 19 ont livré des vestiges attribuables à la culture néolithique appellée Rössen, caractérisée par une céramique de formes très diversifiées, de bonne facture, où dominent les fonds arrondis et les décors de chevrons, de zig-zags, de rangées d’impressions de tiges végétales et de rares petites pastilles. Ces objets céramiques étaient suspendus ou accrochés à d’autres éléments comme l'indique une cordelette carbonisée trouvée dans une anse au cours des fouilles. On a trouvé dans ces mêmes couches une industrie lithique à vocation essentiellement agricole comme en témoignent de rares éléments de faucilles en silex, des broyons et des meules en grès bigarré, ainsi qu'une herminette "en forme de bottier". A cette époque se poursuivent les productions de l’engrain, de l’amidonnier, des pois, des lentilles, mais aussi de l'épautre et de l'orge nu. On a retrouvé dans ces mêmes couches une quinzaine de dentales (dentalium vulgare), coquillages originaires de la Méditerranée ou de l’Atlantique, à proximité d’une canine de cerf, d’un fragment nacré de coquillage et d’un tube naturel en calcite, qui sont probablement des éléments de parure. La cavité semble dans sa globalité avoir été aménagée à des fins de stockage pour ses propriétés particulières (basse température constante). Cependant, d’autres usages comme celui d'habitat-refuge ou de grotte-étable restent probables.